Des photos divulguées du fils du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi et de la minuscule cellule souterraine où il est détenu depuis des années au Liban ont suscité des inquiétudes dans l'Afrique du Nord alors que les autorités libyennes exigent des améliorations.

Les photos montraient une pièce sans lumière naturelle remplie des affaires d'Hannibal Kadhafi, un lit et une minuscules toilette. "Je vis dans la misère", a déclaré le détenu cité par la télévision locale Al-Jadeed dans une émission diffusée samedi soir, ajoutant qu'il était un prisonnier politique dans une affaire sur laquelle il n'avait aucune information.

Deux responsables judiciaires libanais ont confirmé lundi à l'Associated Press que les photographies diffusées par Al-Jadeed sont de Kadhafi et de la cellule où il est détenu depuis des années au quartier général de la police à Beyrouth. Kadhafi semblait en bonne santé, avec une barbe claire et des lunettes.

Une personne qui est habituellement en contact avec Kadhafi, un citoyen libyen, a déclaré que les photos avaient été prises ces derniers jours. Tous ont parlé sous couvert d'anonymat car ils n'étaient pas autorisés à parler aux médias.

Kadhafi est détenu au Liban depuis 2015 après avoir été enlevé en Syrie voisine, où il vivait en tant que réfugié politique. Il a été enlevé par des militants libanais exigeant des informations sur le sort de l'éminent religieux chiite libanais Moussa al-Sadr, disparu lors d'un voyage en Libye en 1978.

Le sort d'al-Sadr a été un point sensible au Liban. Sa famille pense qu'il est peut-être encore en vie dans une prison libyenne, bien que la plupart des Libanais présument qu'al-Sadr, qui aurait maintenant 95 ans, est mort.

Une délégation libyenne s'est rendue à Beyrouth en janvier pour rouvrir les pourparlers avec des responsables libanais sur le sort d'al-Sadr et la libération de Kadhafi. Les pourparlers visaient à réactiver un accord dormant entre le Liban et la Libye, conclu en 2014, pour la coopération dans l'enquête sur al-Sadr. La délégation n'est pas rentrée à Beyrouth comme prévu.

Les fuites d'Al-Jadeed sont survenues après des informations selon lesquelles Kadhafi recevait un traitement spécial au quartier général de la police et qu'il avait subi des chirurgies esthétiques, notamment des greffes de cheveux et des améliorations dentaires. Al-Jadeed l'a cité comme disant: "Qu'ils prennent mes cheveux et mes dents et me donnent ma liberté."

Kadhafi a entamé une grève de la faim en juin de l'année dernière et a été emmené à l'hôpital après que sa santé se soit détériorée.

Le ministère libyen de la Justice a déclaré dimanche dans un communiqué que Kadhafi était privé de ses droits garantis par la loi. Il a appelé les autorités libanaises à améliorer ses conditions de vie pour qu'elles "préservent sa dignité", ajoutant que les autorités libanaises devraient informer officiellement le ministère des améliorations. Il a été également déclaré que Kadhafi méritait d'être libéré.

Après son enlèvement en 2015, les autorités libanaises l'ont libéré mais l'ont ensuite détenu, l'accusant d'avoir dissimulé des informations sur la disparition d'al-Sadr.

Al-Sadr était le fondateur du groupe Amal, une milice chiite qui a combattu pendant la guerre civile libanaise de 1975-90 et est devenue plus tard un parti politique actuellement dirigé par le président du Parlement du pays, Nabih Berri.

De nombreux partisans d'al-Sadr sont convaincus que Mouammar Kadhafi a ordonné la mort d'al-Sadr dans un différend sur les paiements libyens aux milices libanaises. La Libye a soutenu que le religieux, avec deux compagnons de voyage, avait quitté Tripoli en 1978 sur un vol pour Rome.

Human Rights Watch a publié une déclaration en janvier appelant à la libération de Kadhafi. Le groupe de défense des droits a noté que Kadhafi n'avait que 2 ans au moment de la disparition d'al-Sadr et n'occupait aucun poste de direction en Libye à l'âge adulte.