Tensions diplomatiques autour du logiciel espion Pegasus

Tensions diplomatiques autour du logiciel espion Pegasus

| mardi 20 juillet 2021

Du Maroc à la Hongrie, de l’Arabie saoudite à l’Inde, une vingtaine de pays sont accusés d’avoir espionné des communications privées de politiciens et journalistes grâce au logiciel Pegasus de la société israélienne NSO.

La société NSO et son logiciel Pegasus étaient connus. Mais l’ampleur de l’espionnage qu’ils ont permis et ses dérives, y compris en France, vient d’être révélée grâce à une large enquête pilotée par Forbidden Stories, un consortium international de journalistes. Leader dans son domaine, l’entreprise israélienne a développé des capacités d’espionnage sans équivalent: une fois un téléphone infecté, il est possible d’intercepter toutes les données qui s’y trouvent et d’écouter toutes les conversations, même celles qui utilisent des messageries cryptées. Les messages sont captés au moment où ils sont lus par l’utilisateur. Plusieurs États auraient utilisé cette technologie contre leurs opposants et contre la presse.

Forbidden Stories a eu accès à une liste de 50.000 numéros de téléphones ciblés depuis 2016 par l’entreprise israélienne. Si le logiciel est censé être utilisé par des États pour la lutte contre le terrorisme international, Forbidden Stories et les 17 médias que l’organisation a réunis ont dénombré dans cette liste au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise. Un chef d’État et deux chefs de gouvernement européens figureraient aussi sur la liste. «Nous ne parlons pas ici juste de quelques États voyous, mais d’une utilisation massive d’un logiciel espion par au moins une vingtaine de pays», a dénoncé la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard.

«Ce sont des faits extrêmement choquants, et, s’ils sont avérés, extrêmement graves», a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. «Nous sommes extrêmement attachés à la liberté de la presse», a-t-il insisté. Si les accusations à l’encontre de NSO sont avérées, «c’est complètement inacceptable», a dénoncé pour sa part la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ce n’est pas la première fois que NSO est pointé du doigt. L’Arabie saoudite, notamment, a piraté en 2018 le téléphone du patron d’Amazon, Jeff Bezos.

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