Plus de 120 personnes et groupes ont appelé mercredi à une enquête des Nations Unies sur les attaques israéliennes contre des journalistes dans le sud du Liban, où trois ont été tués l'année dernière.
Un appel adressé au chef des droits de l'ONU, Volker Turk, a exprimé sa préoccupation face au "ciblage apparemment délibéré des journalistes et des professionnels des médias par les forces israéliennes au Liban."
Une enquête de l'AFP sur les frappes du 13 octobre qui ont tué le journaliste de Reuters Issam Abdallah et blessé six autres personnes, dont la photographe de l'AFP Christina Assi dans un état critique et le journaliste vidéo de l'AFP Dylan Collins, a mis en évidence un obus de char utilisé uniquement par l'armée israélienne dans la région frontalière.
Le 21 novembre, Farah Omar et Rabih Maamari de la chaîne Al-Mayadeen ont été tués lors de frappes israéliennes sur le sud du Liban, ont annoncé le radiodiffuseur et les médias officiels.
La lettre à Turk a exhorté "une enquête pour établir les faits et les circonstances" autour des attaques et pour que les conclusions soient publiées "en vue de demander des comptes aux responsables."
Parmi les signataires figuraient le Comité pour la protection des journalistes, des groupes de défense des droits locaux et régionaux, des législateurs libanais et des médias, dont Al-Jazeera, ainsi que Collins et Assi de l'AFP.
Une lettre distincte, envoyée à la directrice de l'UNESCO Audrey Azoulay, a exhorté son bureau à "plaider en faveur de la responsabilité pour les crimes de guerre apparents commis par Israël au sud-Liban."
En décembre, l'armée israélienne a déclaré que les frappes d'octobre avaient eu lieu dans une "zone de combat actif" et étaient en cours d'examen.
À la suite de la frappe de novembre, l'armée israélienne a déclaré qu'elle était "au courant d'une allégation concernant des journalistes de la région qui ont été tués à la suite de tirs de Tsahal (armée)."
Il a ajouté qu'il y avait des "hostilités actives" dans la région et que l'incident était en cours d'examen.
L'enquête de l'AFP sur les frappes d'octobre, menée conjointement avec Airwars, une ONG qui enquête sur les attaques contre les civils dans les situations de conflit, a révélé que l'attaque impliquait un obus de char de 120 mm utilisé uniquement par l'armée israélienne dans cette région.
Une enquête de Reuters a révélé que deux obus de chars israéliens tirés depuis la même position de l'autre côté de la frontière ont été utilisés dans l'attaque.
Human Rights Watch a conclu que les frappes d'octobre étaient "apparemment des attaques délibérées contre des civils, ce qui est un crime de guerre" et qui "devraient être poursuivies ou pourraient l'être pour crimes de guerre."
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré en décembre que "toute la lumière" devait être faite sur les frappes du 13 octobre, tandis que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a salué une enquête israélienne sur la frappe comme "importante et appropriée"."