Le droit à la légitime défense est un principe universel…Les déclarations ministérielles protègent-elles le Liban des guerres?

Le droit à la légitime défense est un principe universel…Les déclarations ministérielles protègent-elles le Liban des guerres?

Omar al-Rassi | mardi 18 février 2025

Omar al-Rassi, agence "Akhbar al-Yawm"

Le droit à la légitime défense est un principe universel…Les déclarations ministérielles protègent-elles le Liban des guerres?

Source: L'État doit reprendre l'initiative sans se retourner contre son peuple

Il n’y aura pas de controverse au sein de la déclaration ministérielle concernant les dossiers économiques en suspens, car un consensus existe sur la nécessité de traiter la crise économique, de relancer le pays et de s’engager dans des réformes. En revanche, la véritable source de débat portera sur la question de la résistance et de la défense du pays.

Ce point intervient après une guerre dévastatrice et alors qu’un ennemi demeure aux frontières. Toutefois, l’expression "Armée-Peuple-Résistance" n’est plus acceptée comme auparavant.

Dès lors, une question s’impose: les formulations ministérielles suffisent-elles à protéger le pays? À noter que la déclaration du gouvernement de Najib Mikati n’avait pas mentionné cette trilogie. Pourtant, sous ce gouvernement, une guerre destructrice a éclaté et l’exécutif n’a pu prendre aucune mesure, se contentant d’observer et de comptabiliser le nombre de martyrs et de blessés, tout en déplorant les destructions et en sollicitant une aide extérieure.

Un haut responsable, bien informé du dossier, a déclaré à l’agence "Akhbar Al-Yawm" que, lorsqu’un pays traverse des crises profondes – qu’elles soient institutionnelles, économiques, sociales ou financières – et qu’elles engendrent une situation de désespoir généralisé parmi la population, l’État en sort affaibli, au moins dans son rôle de garant du bien-être de ses citoyens. Dans de telles circonstances, la forme l’emporte souvent sur le fond, ce qui est particulièrement vrai pour la rédaction de la déclaration ministérielle, notamment en ce qui concerne la protection du territoire et la résistance.

Selon cette même source, l’évocation de la trilogie "Peuple-Armée-Résistance" dans les précédentes déclarations ministérielles faisait référence à une pratique, soit la manière dont l’État interagit avec la résistance et inversement, la façon dont la résistance prend en compte la vision de l’État et sa légitimité.

La source rappelle que toute déclaration faisant référence à l’article 51 de la Charte des Nations Unies – qui garantit le droit des États à se défendre individuellement ou collectivement contre toute agression – s’appuie sur un principe reconnu au niveau international. De plus, le préambule de la Constitution libanaise érige la Charte des Nations Unies en texte de référence et en fondement de la démocratie et du système politique du pays.

Ainsi, il devient nécessaire de trouver des formulations adaptées qui traduisent un changement dans la pratique, non pas dans le but de délégitimer la résistance ou de s’y opposer frontalement, mais pour refléter les nouvelles réalités. En effet, des décisions prises sans concertation avec l’État libanais ont conduit à des pertes humaines, matérielles et territoriales considérables, ainsi qu’à la destruction de villages entiers.

Dans cette optique, la source souligne que, tôt ou tard, l’État libanais devra tirer des leçons des erreurs stratégiques commises par la résistance. Parallèlement, il devra saisir l’opportunité de reprendre l’initiative et d’affirmer son autorité sur l’ensemble du territoire.

Reconnaissant l’existence d’un rapport de force entre l’État et le Hezbollah, la source insiste néanmoins sur le fait que l’État ne doit pas se retourner contre son propre peuple. Au contraire, il doit éviter toute aventure susceptible de provoquer des divisions internes, un morcellement du pays ou encore un conflit majeur. Par ailleurs, il doit protéger ses ressources fondamentales, notamment son territoire et ses frontières, contre toute exploitation extérieure.

Quelle serait alors la voie à suivre? La source répond: "La politique est l’art du possible, et les deux parties doivent l’exercer. L’État doit pleinement jouer son rôle, tandis que le Hezbollah doit comprendre qu’il a tout intérêt à s’appuyer sur l’État afin d’engager la reconstruction des zones dévastées dans l’environnement même de la résistance, incluant les communautés chiites ainsi que les partisans du Hezbollah et d’Amal. Il est vrai que tous les Libanais ont souffert des répercussions du conflit, mais l’impact a été particulièrement lourd pour ces populations".

L’objectif ultime doit être la reconstruction et la dignité de l’État, insiste-t-elle, rappellant que toute guerre se conclut par la victoire d’un camp sur un autre, et que toute victoire entraîne de nouveaux rapports de force et alliances. Cependant, l’enjeu pour le Liban ne doit pas être la victoire d’une faction contre une autre, mais plutôt la consolidation de l’État dans son ensemble.

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