Amnesty international: Le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct à Gaza
"Une catastrophe humanitaire sans précédent"
L'ONG Amnesty International affirme, dans son rapport annuel diffusé mardi, que "le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct" à Gaza depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. "L'année 2024 restera dans les mémoires comme celle d'une occupation militaire israélienne plus éhontée et meurtrière que jamais", écrit Agnès Callamard, secrétaire générale de l'organisation.
Amnesty international réitère ses accusations de "génocide" à l'encontre d'Israël. "Le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct" commis par l'État hébreu dans la bande de Gaza, dénonce sa secrétaire générale Agnès Callamard, en préface du rapport annuel de l'organisation sur les droits humains dans le monde publié mardi 29 avril.
"Depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le Hamas a commis des crimes terribles contre des citoyens d'Israël et pris en otage plus de 250 personnes, le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct. Les États ont regardé, comme s'ils étaient impuissants, Israël tuer des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens, massacrant des familles entières sur plusieurs générations et détruisant des habitations, des moyens de subsistance, des hôpitaux et des établissements scolaires", écrit Agnès Callamard.
Dans la section du rapport consacrée à la région Moyen-Orient, Amnesty réitère ses accusations de "génocide", déjà formulées fin 2024 et catégoriquement rejetées par les autorités israéliennes. "Les recherches d'Amnesty International ont montré qu'Israël avait perpétré des actes interdits par la Convention sur le génocide, dans l'intention spécifique de détruire la population palestinienne de Gaza, commettant ainsi un génocide", écrit l'organisation.
Le rapport cite notamment des "homicides", des "atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de civils", des "déplacements et disparitions forcées", l'"imposition délibérée de conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique de ces personnes".
"Une catastrophe humanitaire sans précédent"
La guerre à Gaza a été déclenchée par les attaques sans précédent en Israël du Hamas palestinien le 7 octobre 2023, causant la mort de 1 218 personnes côté israélien, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens. Le Hamas a également enlevé 251 personnes ce jour-là, dont 58 sont toujours retenues à Gaza et 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.
Les représailles d'Israël, qui a juré d'annihiler le mouvement islamiste palestinien, ont depuis tué au moins 52 243 personnes à Gaza, là encore majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire, considérés fiables par l'ONU.
Le rapport d'Amnesty souligne également que près de 1,9 million de Palestiniens, soit 90 % de la population gazaouie, a été déplacé depuis le début de la guerre, et accuse Israël d'avoir "provoqué délibérément une catastrophe humanitaire sans précédent". Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza, et les a totalement interrompus le 2 mars, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.
Dans la nuit de lundi à mardi, la Défense civile palestinienne a encore fait état de quatre morts dans une frappe israélienne sur des tentes de déplacés dans le sud de la bande de Gaza.
Elle a précisé qu'elle ne faisait plus circuler, faute de carburant, que quatre de ses 12 véhicules dans le sud du territoire, entravant ses interventions, et a réitéré "son appel urgent" à l'ONU et aux organisations internationales pour "intervenir immédiatement pour ouvrir les points de passage vers Gaza".
"Test pour notre humanité"
Dans son rapport, Amnesty fustige l'attitude de la communauté internationale, qui "n'a pas pris de mesures dignes de ce nom pour mettre fin aux atrocités commises par Israël à Gaza". "Des grandes puissances, dont les États-Unis et de nombreux pays d'Europe de l'Ouest ont soutenu publiquement les actes d'Israël, mettant ainsi à mal la valeur universelle du droit international", souligne le rapport, en rappelant les mesures prises par les institutions de justice internationale.
La Cour internationale de justice a ordonné des mesures provisoires à l'encontre d'Israël, dont ce dernier "a fait fi", souligne Amnesty, et la Cour Pénale internationale (CPI) a délivré en 2024 des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
La CPI avait également émis un mandat d'arrêt contre le chef militaire du Hamas Mohammed Deif, annulé après l'officialisation récente de la mort de ce dernier dans une frappe israélienne en juillet 2024.
"Gaza est un test pour la justice internationale, et un test pour notre humanité", a lancé Heba Morayef, responsable d'Amnesty pour la région Moyen-Orient Afrique du Nord, lors d'une conférence de presse lundi, en pointant "l'extrême niveau de souffrance" enduré quotidiennement par les Palestiniens de Gaza.