Serena al-Haddad, agence "Akhbar al-Yawm"

Quand la Confiance en la Crèche se Transforme en Cauchemar...

Salem à "Akhbar Al-Yawm": Un partenariat essentiel entre le médecin, les parents et la garderie

Donner la vie est sans doute l’engagement le plus profond qu’un couple puisse prendre. Lorsqu’un homme et une femme décident d’avoir un enfant, ils le font avec la pleine conscience du bouleversement et des responsabilités immenses qui les attendent. Et dès les premières secondes, cet enfant devient le centre de leur univers. Ils lui offrent tout: leur temps, leur force, leur cœur; comme le dit si bien le proverbe libanais: "Bi dmou' el aïn" (avec les larmes des yeux).

Mais vient le moment inévitable où la vie professionnelle reprend ses droits. Une fois le congé de maternité terminé, les parents, souvent contraints par les exigences économiques, doivent confier leur bébé à une garderie. Cette séparation, déjà déchirante, repose sur un pilier fragile: La confiance.

Or, cette confiance est aujourd’hui ébranlée. Ces derniers jours, une tragédie est venue raviver une angoisse latente chez de nombreux parents. Dans une garderie de la région de Kesrouan, une fillette a perdu la vie après avoir bu son lait. Et ce n’est malheureusement pas un cas isolé. D’autres histoires circulent: Manque de vigilance, absence de formation adéquate, voire maltraitance. Comment, dès lors, continuer à confier ses enfants à ces structures censées les protéger?

Le docteur Élie Salem, spécialiste en pédiatrie et néonatologie, apporte des éclairages essentiels à ce drame. Contacté par l’agence "Akhbar Al-Yawm", il explique que la cause probable du décès est un reflux gastro-œsophagien, une remontée du lait vers les voies respiratoires qui peut obstruer l’air et entraîner un arrêt cardiaque. C’est d’ailleurs ce que confirme le rapport préliminaire du ministère de la Santé.

Pour Dr Salem, la responsabilité de la garderie est engagée: "Lorsqu’un bébé de quatre mois prend son biberon, il est vital de le maintenir dans une position inclinée, à environ 45 degrés, pour éviter que le lait n’emprunte le mauvais chemin". Il insiste sur la nécessité d’une surveillance rapprochée et constante des nourrissons, surtout durant les premières semaines de vie.

Mais les parents ont eux aussi un rôle crucial à jouer: "Trop souvent, les crèches ne reçoivent pas les instructions médicales de base concernant les bébés. Les familles doivent communiquer avec précision les besoins spécifiques de leur enfant et obtenir l’avis de leur pédiatre".

Car la sécurité de l’enfant repose sur une collaboration à trois voix: Les parents, le médecin et la garderie. Une coordination qui, dans certains cas, peut sauver des vies. "Il m’arrive moi-même d’être contacté par des garderies qui cherchent à bien faire", confie Dr Salem.

Enfin, il rappelle un geste simple mais vital: "Ne jamais allonger un nourrisson sur le dos après un repas. Il faut le tourner sur le côté pour permettre au lait de s’écouler naturellement par le nez ou la bouche, et dégager les voies respiratoires. Ce réflexe peut faire toute la différence".

Aujourd’hui, cette tragédie soulève une vérité difficile: Il ne suffit pas de confier un enfant à une structure, aussi rassurante soit-elle. Il faut que chaque maillon de la chaîne - parents, personnel soignant, professionnels de la petite enfance - soit formé, informé, et surtout humainement engagé.

Car derrière chaque bébé confié, il y a deux cœurs de parents qui battent, souvent, avec inquiétude.