Antoun el-Fata, agence “Akhbar al-Yawm”

Le Liban bénéficiera-t-il du gel des fonds iraniens dans la phase de reconstruction?

Abou Suleiman: Une telle mesure pourrait nous impliquer dans d'autres conflits politiques

L'Ukraine a réussi à mobiliser le soutien européen et l'Union européenne a accepté d'utiliser les bénéfices nets des avoirs russes gelés pour soutenir la reconstruction et l'autodéfense de l'Ukraine.

Les intérêts générés par les avoirs russes gelés ont commencé à être utilisés pour soutenir des prêts à l'Ukraine de plusieurs milliards de dollars, ce qui est un pas "juste" selon la description des Ukrainiens, du fait que c'est la Russie qui a causé la destruction de leur pays.

Et le Liban? Et qu'en est-il des guerres iraniennes qui se déroulent sur son territoire depuis des décennies?

Face à cette réalité, est-il possible de mobiliser un soutien intérieur et extérieur dans le cadre des tentatives de déduction des pourcentages des avoirs iraniens gelés à la suite des sanctions imposées à Téhéran, afin de les utiliser dans la reconstruction de ce qui a été ruiné par les guerres au Liban, et de renforcer la situation de l'économie libanaise effondrée en raison des politiques iraniennes?

L'économiste Walid Abou Suleiman a expliqué que "dans le cas de l'Union européenne et de l'Ukraine, nous constatons que cette dernière est quelque peu affiliée à l'Europe, même si elle n'est pas un membre officiel de l'Union maintenant. Ce qui unit Kiev aux pays de l'union, c'est une alliance politique, stratégique et géopolitique, tandis que l'Europe est le premier soutien des Ukrainiens. L'Ukraine a également déposé une demande d'adhésion à l'Union européenne et fait donc pratiquement partie de l'Europe".

Il affirme dans une interview accordée à l'agence "Akhbar al-Yawm" que "Le Liban n'est pas dans une relation de ce niveau, ni avec l'Iran, ni avec aucune des parties qui gèlent les avoirs iraniens, ni avec l'Union européenne ou l'OTAN en général. Par conséquent, le Liban ne peut compter sur aucun organe équilibré pour soulever et discuter de tels sujets".

Abu Suleiman a averti que "si les Iraniens déduisent de leurs fonds gelés, par exemple, au profit du Liban, une telle démarche pourrait nous impliquer dans des conflits politiques supplémentaires et nouveaux (certains salueront cette mesure d'une part, et d'autres diront que nous n'acceptons pas que (l'Iran) finance quoi que ce soit au niveau de la reconstruction, d'autre part). Par conséquent, la situation libanaise est complètement différente de celle de l'Ukraine.

"L'aide iranienne a déjà été rejetée, nous ne savons donc pas dans quelle mesure l'entrée de l'Iran sur la ligne de reconstruction au Liban peut être acceptable ou non", a-t-il ajouté.

Il a conclu: "Même traiter ce dossier comme une question de justice et d'équité n'est pas tout à fait simple. Chaque partie interne voit la justice et l'équité de son propre point de vue. Certaines parties pensent qu'Israël a détruit le Liban, tandis que d'autres disent que le "Hezbollah" a été la cause du déclenchement de la guerre et qu'il devrait porter la responsabilité de la reconstruction. Par conséquent, la question ne concerne pas seulement l'Iran, ni seulement ses avoirs gelés".