Antoun el-Fata, agence “Akhbar al-Yawm”
Le Ramadan: Un “test” déterminant pour l’avenir de la nouvelle direction syrienne
La constitution permettra de poursuivre toute entité qui tente d'imposer des comportements religieux aux gens
Entre des messages clairs et indirects de l’Occident adressés à la nouvelle direction syrienne, affirmant leur refus de soutenir tout gouvernement islamique ou toute autorité qui ne respecte pas les droits des minorités, des droits humains et des femmes, et les réalités qui se déroulent dans les quartiers et régions syriennes, un écart significatif se dessine.
Le Ramadan de cette année pourrait-il constituer l’indicateur clair, définitif et final de la nouvelle direction syrienne, issue des ruines du régime Assad? Et comment cela se manifeste-t-il?
Durant le Ramadan, certaines pratiques et comportements pourraient ou non émerger en Syrie, fournissant un aperçu de la nature et de l’avenir de ce nouveau gouvernement. Ces comportements mettront à l’épreuve sa capacité à embrasser le sécularisme, le respect des minorités, des droits humains, et de la diversité religieuse et confessionnelle du pays.
Par exemple, si un chrétien est harcelé pour avoir mangé en public pendant le Ramadan, si les restaurants et hôtels sont contraints de cesser de servir de la nourriture durant les heures de jeûne, ou si les musulmans qui ne jeûnent pas sont traités comme des criminels ou sanctionnés par des amendes, cela pourrait indiquer une orientation vers un modèle de gouvernance à caractère religieux. De même, si des comportements de dissimulation du fait de ne pas jeûner se répandent, si des restrictions sont imposées aux femmes et filles pour pratiquer certaines activités de manière indépendante, si les prières deviennent obligatoires pour les musulmans, ou si des oppositions aux églises chrétiennes et leurs pratiques émergent au moins durant le Ramadan (comme un début de mesures futures), cela pourrait signifier que la Syrie se dirige vers un État ouvertement religieux.
En revanche, empêcher activement de tels comportements et prendre des mesures contre ceux qui tentent de les imposer indiquerait l’émergence progressive d’un système de gouvernance laïque acceptable. Cela se refléterait également dans une nouvelle constitution dépourvue de biais idéologiques spécifiques.
Une source bien informée a révélé qu’Ahmed Al-Sharaa, le leader de la nouvelle administration syrienne, cherche à présenter une image différente au monde, bien qu’une inquiétude générale subsiste concernant l’avenir de la Syrie. La source a souligné que le pays est ouvert à toutes sortes de possibilités.
S’adressant à l’agence “Akhbar Al-Yawm”, la source a exhorté à observer si Al-Sharaa exercerait des pressions sur les plans de la gouvernance et de la constitution pour empêcher de telles pratiques ou même s’il a l’intention de le faire. Le calendrier de rédaction de la nouvelle constitution sera également un indicateur clé. L’accent mis ou non sur le sécularisme dans la constitution déterminera l’ouverture future de la Syrie et la capacité de poursuivre toute entité imposant des comportements religieux aux populations, y compris les minorités non musulmanes.
Al-Sharaa aurait assuré aux envoyés internationaux qu’il n’y aurait pas de gouvernement basé sur la charia islamique en Syrie. Cependant, le véritable défi réside dans les développements à long terme plutôt que dans les déclarations officielles affirmant que les chrétiens et autres minorités sont une partie intégrante du pays.
Le test crucial sera la capacité du gouvernement à gérer la relation entre le public, les éléments actifs sur le terrain, les chefs religieux et les institutions religieuses. Pour l’instant, la Syrie reste dans une phase hautement incertaine, avec un avenir encore à définir clairement.
Akhbar Al Yawm