Daoud Rammal, agence "Akhbar al-Yawm"
Funérailles de Nasrallah et Safieddine: Adieu aux dirigeants ou annonce de nouvelles transformations?
Source shiite à "Akhbar Al-Yawm": Fin d'une ère et début d'une nouvelle phase entourée d'incertitude
Les funérailles des secrétaires généraux du Hezbollah, Hassan Nasrallah et Hashem Safieddine, vont bien au-delà d’un simple adieu à des figures emblématiques. Elles marquent un tournant dans l’histoire du parti et de la région, dévoilant des dynamiques profondes, tant au niveau symbolique que politique. Ces cérémonies portent en elles des significations multiples, notamment sur l'avenir du Hezbollah face à des défis internes et externes majeurs.
Selon une source politique chiite indépendante, dans une interview avec l’agence "Akhbar Al-Yawm", "le Hezbollah traverse actuellement une phase de repositionnement stratégique. Après plusieurs décennies de lutte fondée sur la résistance armée, le parti se retrouve confronté à une crise existentielle, exacerbée par la dégradation des conditions internes au Liban, les tensions politiques internes et les défis régionaux croissants. Les funérailles pourraient ainsi marquer la fin d’une ère et l’amorce d’une nouvelle phase, où une plus grande flexibilité politique serait envisagée, afin de s’adapter à un contexte en pleine évolution. Cependant, cette transition reste incertaine, dans la mesure où les orientations et choix futurs du Hezbollah demeurent flous".
La source ajoute que "ce tournant a également des implications directes pour le Liban. Le pays, actuellement en pleine réorganisation politique avec l’élection d’un nouveau président et la formation d’un gouvernement, se trouve à un moment clé de son histoire. Toute transformation interne au Hezbollah aurait un impact immédiat sur le paysage politique libanais. L’absence de Nasrallah et Safieddine pourrait entraîner une redistribution du pouvoir au sein de la communauté chiite, ouvrant la voie à des luttes internes ou à une réorganisation des alliances politiques".
La source précise que "l’influence de l’Iran, dans ce contexte, ne doit pas être négligée. La déclaration du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, selon laquelle "la résistance est vivante", s’inscrit dans une tentative de l’Iran de réaffirmer son poids dans la région, notamment dans un contexte où l’axe de la résistance est fragilisé, en particulier en Irak et à Gaza, et après sa défaite en Syrie. Le Hezbollah, au Liban, souffre de pressions populaires et politiques accrues, notamment à cause des conséquences de la guerre israélienne et de la crise économique. Cela pourrait forcer le parti à privilégier des compromis politiques plutôt que de s’appuyer exclusivement sur la résistance armée. Dans le même temps, en Irak, les factions soutenues par l’Iran subissent des pressions croissantes du gouvernement irakien, qui cherche à limiter leur pouvoir. À Gaza, les divisions internes au sein des factions palestiniennes, ainsi que le blocus israélien et les pressions internationales, rendent de plus en plus difficile la pérennité du rôle iranien dans la région".
La source indique: "Face à ces défis, l’Iran semble chercher à revitaliser l’axe de la résistance, bien que cette tâche ne soit pas simple. Des signes laissent penser que Téhéran tenterait de réorganiser cet axe en intensifiant des actions militaires limitées au Liban et à Gaza, tout en exploitant les divergences entre les États-Unis et Israël sur le dossier nucléaire et les développements géopolitiques au Moyen-Orient".
La source affirme: "Ainsi, les funérailles de Nasrallah et Safieddine ne sont pas seulement un adieu à des dirigeants influents, mais pourraient également être perçues comme le début de changements stratégiques au sein du Hezbollah et de l’axe de la résistance. Le Hezbollah, confronté à des défis sans précédent, et le Liban, en pleine réorganisation, se retrouvent à un moment de rupture. L’Iran, quant à lui, cherche à préserver son influence régionale malgré les turbulences grandissantes".
La source conclut: "La question qui se pose désormais est de savoir si le Hezbollah et l’axe de la résistance peuvent traverser cette période difficile sans faire de concessions majeures. Bien que la réponse soit incertaine, il semble que des compromis, inévitables, seront essentiels pour naviguer dans cette phase de transformations profondes".
Akhbar Al Yawm