Antoun el-Fata, agence "Akhbar al-Yawm"
Liban-Syrie: Entre pressions internes et compétitions...
Souaid: Un nouveau parlement capable de s'adapter au monde actuel est nécessaire
Il y a de nombreuses étapes qui s'imposent dans la réalité et qui doivent se réaliser avant qu'un Libanais ne puisse affirmer que le Liban a réellement changé et est passé à une nouvelle phase, distincte de son passé.
Les changements nécessaires ne sont pas rapides, mais plutôt radicaux. Le Liban a encore un besoin urgent de réformes profondes dans les domaines politique, sécuritaire, militaire, économique et financier. Sans ces changements, le pays ne pourra prétendre avoir une place dans le monde. Une grande partie de ces transformations profondes a déjà eu lieu en Syrie, tant au niveau de la structure du régime que sur le terrain. Le Liban se trouve donc sous une pression intense et dans une compétition directe avec Damas. Comment expliquer cela?
Le Liban et la Syrie ont tous deux besoin de soutien et de financement arabes, ainsi que d'un appui international avec la levée des sanctions et des restrictions extérieures qui les entravaient. Ce soutien ne pourra être pleinement efficace que s'il est accompagné de changements internes dans les deux pays. Cela crée une véritable compétition pour accélérer les réformes internes afin d'attirer l'aide internationale, chaque pays cherchant à obtenir ce soutien plus rapidement que l'autre. Ce phénomène crée une concurrence positive, mais qui entraîne des responsabilités importantes pour les dirigeants des deux pays.
La question qui se pose est: Le Liban peut-il devancer la Syrie dans ce domaine? Et que se passerait-il si le Liban échouait dans ses efforts? Cela entraînerait-il un mandat international et arabe pour que la Syrie "corrige" la situation au Liban? Une telle situation pourrait-elle raviver la tutelle syrienne sur le Liban?
Le député et ancien parlementaire Fares Souaid estime que le Liban bénéficie actuellement d'avantages importants qui manquent à la Syrie, malheureusement. Parmi ces avantages, il cite la constitution libanaise et le document de la réconciliation nationale, alors qu'aucun de ces deux éléments n'existe en Syrie. De plus, le Liban dispose d'un président élu et reconnu internationalement, contrairement au président syrien, Ahmad al-Sharaa, qui cherche encore à obtenir une légitimité internationale. Le Liban bénéficie également d'un gouvernement dirigé par Nawaf Salam, ancien juge international et ancien ambassadeur auprès des Nations unies, ainsi que de ministres ayant des relations importantes et proches des cercles de décision internationaux.
Dans un entretien accordé à l'agence "Akhbar al-Yawm", Fares Souaid explique qu’en raison de sa légitimité incontestée, le Liban devance la Syrie sur ces points et dans ses relations internationales. Cependant, il souligne que c’est à la Syrie de gérer ses propres affaires internes et qu’elle sait comment procéder. Il plaide également pour que le Liban n’entre pas en concurrence avec la Syrie dans sa situation actuelle, et qu'il laisse chaque pays s'occuper de ses propres intérêts sans interférer dans ceux de l'autre.
Il appelle également à la préparation des élections législatives de 2026, afin qu’un nouveau parlement soit élu en adéquation avec les enjeux régionaux. Le parlement actuel est davantage en phase avec les enjeux du passé, notamment en raison de la présence de 27 députés chiites liés au Hezbollah et au mouvement Amal. La nouvelle phase devrait tenir compte des évolutions en Syrie, de Gaza, du futur du conflit arabe-israélien, et des nouvelles dynamiques mondiales, comme celles incarnées par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui réunit désormais les puissances européennes, américaines et d'autres régions. Dans ce contexte, un parlement libanais capable de s'adapter à ces nouvelles réalités est indispensable.
Il conclut en insistant sur la nécessité d’entretenir de bonnes relations avec la Syrie à l'avenir, mais selon le principe de "chacun chez soi", sans ingérence dans les affaires de l'autre.
Akhbar Al Yawm