Antoun el-Fata, agence "Akhbar al-Yawm"
La Crise de l’Eau: Réalité ou Manipulation Politique?
L'eau deviendra rare par décision politique et servira d’arme
Des outils variés, notamment médiatiques et spécialisés dans les domaines de l’environnement et du climat, participent depuis un certain temps, avec une intensité croissante, à une vaste campagne visant à conditionner les esprits avec des idées, des rapports et des études qui, en réalité, relèvent davantage d’une stratégie politique que d’une démarche scientifique rigoureuse. L’objectif sous-jacent semble être de promouvoir l’idée d’une crise de l’eau, à travers des discours soigneusement construits, s’appuyant sur certains éléments tangibles mais également sur des narratifs savamment orchestrés pour servir des intérêts précis.
Une simple coïncidence?
Ce qui est encore plus troublant, c’est l’ampleur avec laquelle on cherche à prendre les gens pour des naïfs, en misant sur le fait qu’ils absorberont n’importe quelle information sans la remettre en question, comme si leur capacité d’analyse et de discernement avait été volontairement mise de côté. Comment expliquer que des rapports alarmistes sur une prétendue pénurie d’eau soient diffusés simultanément dans des pays aux quatre coins du globe, de l’Occident à l’Orient, en passant par le Liban? Pourquoi ce discours uniformisé, alors que les niveaux de précipitations et les ressources en eau souterraine sont, dans certains de ces pays, bien au-dessus des moyennes des années précédentes pour la saison 2024-2025? Et surtout, pourquoi cette tendance à infantiliser les Libanais en leur imposant des récits déconnectés de la réalité?
Pas de catastrophe en vue...
Un fait frappant cette année est la rapidité avec laquelle certains ont décidé, dès décembre dernier, que la saison 2024-2025 serait marquée par une sécheresse, nécessitant ainsi une intensification du rationnement et une augmentation des tarifs de l’eau. Or, il suffit d’un minimum de bon sens pour comprendre qu’on ne peut pas juger du volume des précipitations d’une saison dès le mois de décembre, surtout au Liban, où la période des pluies s’étend généralement d’octobre à avril. De plus, les hivers libanais n’ont pas connu de bouleversements climatiques majeurs jusqu’à présent, malgré tout le discours sur le changement climatique.
Depuis des décennies, le pays alterne entre des années plus sèches, des saisons plus arrosées et des hivers particulièrement rigoureux avec d’importantes chutes de pluie et de neige. D’ailleurs, certains mois comme mars ou même avril peuvent compenser un déficit pluviométrique enregistré en février, permettant ainsi de rétablir l’équilibre annuel. Il n’y a donc aucune raison de dramatiser la situation comme si une catastrophe imminente était inévitable.
L’eau, la nouvelle frontière
Des sources bien informées affirment que l’eau et ses ressources, nappes phréatiques, rivières, barrages, deviendront plus stratégiques que le pétrole et le gaz dans les décennies à venir, au sens propre du terme. Elles estiment que les conflits futurs seront largement influencés par l’accès aux régions riches en eau et que les nouvelles politiques mondiales intégreront de manière croissante cette donnée dans tous les domaines.
Selon ces mêmes sources, la raréfaction de l’eau sera moins liée aux effets du changement climatique qu’à des décisions politiques délibérées, où l’eau deviendra une arme entre les mains des puissants. Cela créera une fracture entre certaines zones et villes qui connaîtront des pénuries chroniques, tandis que d’autres jouiront d’une stabilité hydrique.
En outre, il est fort probable que les avancées technologiques de pointe seront utilisées pour transformer les cours d’eau et les sources en véritables frontières, non seulement entre les États, mais aussi entre différentes régions au sein d’un même pays.
Une manipulation bien orchestrée
Dans ce contexte, il devient plus clair que l’obsession actuelle autour des "sécheresses imminentes", des "crises de l’eau" et des "défis hydriques du futur" répond avant tout à des motivations politiques. Il ne s’agit pas tant d’un problème climatique objectif que d’une volonté de créer artificiellement une crise de l’eau à long terme, au service d’intérêts bien définis. Même le discours sur le changement climatique lui-même est en partie façonné par des enjeux économiques et stratégiques à grande échelle.
La nature a toujours su s’adapter et s’auto-réguler d’une année à l’autre, sur plusieurs cycles. Le véritable problème réside dans l’action humaine : c’est l’homme qui détruit son environnement, qui épuise les ressources naturelles et qui les exploite à des fins personnelles.
Ce qui est encore plus regrettable, c’est le rôle de certains acteurs locaux, dont l’attitude frise le ridicule lorsqu’ils relaient sans discernement ces scénarios de crise. En amplifiant artificiellement ces discours alarmistes, ils sapent leur propre crédibilité et finissent par se noyer dans... "un verre d’eau".
Akhbar Al Yawm