"Akhbar al-Yawm"
Le Liban Face à une Réforme Bancaire: Projet de Loi Controversé Adopté par le Gouvernement
Le FMI prône une réforme bancaire, mais pas pour les mêmes raisons que les politiciens
Le samedi dernier, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi portant sur la restructuration du secteur bancaire, et l'a transmis au Parlement.
Bien que le gouvernement ait tenu trois sessions la semaine dernière pour accélérer l'adoption des réformes requises, ce projet a suscité de nombreuses critiques, donnant l'impression qu'il était davantage motivé par des objectifs punitifs que par des objectifs réformistes.
Un source économique bien informée a indiqué à l'agence "Akhbar Al-Yawm" que bien que le Fonds monétaire international (FMI) souhaite réformer le secteur bancaire, ce n'est pas dans le même but que les responsables politiques libanais. Selon cette source, le FMI ne se préoccupe pas directement du secret bancaire, mais de l'évaluation des banques. En revanche, au niveau local, il existe diverses interprétations.
La source a expliqué que le projet de loi vise à répondre aux exigences du Groupe d'action financière internationale (GAFI) pour lutter contre le financement du terrorisme, notamment pour identifier les flux financiers du Hezbollah. Toutefois, elle craint que cette approche soit exploitée à des fins politiques locales, notamment pour régler des comptes avec les responsables des banques et toute personne ayant une "exposition publique", en divulguant leurs transferts privés. Cela pourrait entraîner des risques importants, dépassant le cadre politique.
Tout en exprimant des inquiétudes concernant une utilisation sélective et punitive de cette information, la source a rappelé qu'à l'époque de l'ex-gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, il y avait déjà eu des fuites d'informations au sein de la Commission de surveillance des banques.
Répondant à une question, la source a souligné que les responsables politiques réclamaient la tête des banquiers pour permettre à de nouvelles banques d'entrer sur le marché depuis le début de la crise en 2019. Elle a appelé à une révision de nombreux aspects du projet, notamment en ce qui concerne le cadre et les modalités d'utilisation des informations. Toute information en dehors des limites pourrait exposer des individus à des risques de réputation. "Tout le monde veut savoir qui est responsable de l'effondrement et tout le monde veut récupérer son argent, mais il n'est pas question de mettre en lumière des informations privées. Ainsi, le secret bancaire devrait être levé partiellement, comme cela a été permis à la société Alvarez & Marsal pour effectuer l'audit de la Banque du Liban."
Concernant l'avenir du projet, la source pense que les commissions parlementaires conjointes ne l'adopteront pas, soulignant qu'il ne pourrait pas passer sans inclure une protection pour les déposants. Elle a rappelé qu'une tentative similaire avait échoué sous le gouvernement de l'ex-premier ministre Najib Mikati.
De plus, la source a ajouté que tous les politiciens avaient transféré leur argent à l'étranger pendant la crise et qu'ils ne seraient pas prêts à se faire exposer par eux-mêmes.
Le Conseil des ministres a donc approuvé samedi le projet de loi relatif à la réforme du secteur bancaire au Liban et à sa restructuration. Il se compose de 37 articles répartis sur 10 chapitres, en plus d’un annexe sur la "priorité des fonds privés et des créanciers", le tout en 30 pages.
Akhbar Al Yawm