Antoun el-Fata - "Akhbar al-Yawm"
Reconstruction du Système Judiciaire: Un nouveau Départ pour l'État de Droit
Le juge Sader: Le système judiciaire libanais n'a pas besoin de réhabilitation, mais de "reconstruction"
Alors qu'on s'efforce de mettre en place les réformes et de les exécuter rapidement, l’attention reste portée sur la justice, car elle est la clé essentielle à tout redressement véritable du pays.
Un système judiciaire solide assure la stabilité du pays et protège contre la corruption et les abus. En revanche, si la justice est affaiblie ou ignorée, les réformes risquent de n'être que des ajustements superficiels, façonnés par des intérêts politiques. Les réformes obtenues par consensus ne sont souvent que des tentatives de légitimation des dérives, sans véritable transformation, à moins d’une refonte radicale du système judiciaire et de ses pratiques.
L'ancien président du Conseil d'État, Chucri Sader, souligne que la justice est le pilier central d’un État de droit. Elle doit être renforcée afin de redonner confiance aux citoyens, en garantissant un système judiciaire juste, impartial et audacieux, si nous voulons vraiment établir un État de droit au Liban.
Dans un entretien avec l'agence "Akhbar al-Yawm", il précise que le système judiciaire libanais n’a pas seulement besoin d’une réhabilitation, mais d’une véritable reconstruction, après des années de dégradation et de marginalisation. Cette situation a été causée par une classe politique qui prospère dans le chaos plutôt que dans un véritable État de droit.
Sader a souligné que la classe politique voulait continuer à affaiblir le système judiciaire. Il a ajouté qu'après les tentatives de réforme de Souheil Abboud, le processus de changement a été arrêté, en violation des lois. Il a précisé que la reconstruction du système judiciaire nécessite de combler les postes vacants, comme celui du procureur général de la Cour de cassation. L’Inspection judiciaire, dirigée par Ayman Oueidat, joue également un rôle crucial dans cette reconstruction.
Sader insiste sur le fait qu'il est essentiel de reconstruire une justice qui soit impartiale, compétente et audacieuse, en insistant sur l’importance pour un juge de ne pas avoir peur de juger quiconque, car dans un véritable État de droit, tous sont soumis à la loi. Il ajoute que le processus de nomination des juges doit reposer sur des critères objectifs, sans clientélisme ni pression politique.
Il conclut en soulignant que ce processus permettra de dire aux juges qu'ils sont désormais sous surveillance. Si un juge dévie des principes fondamentaux, il n’a pas sa place dans le système judiciaire. Il reconnaît toutefois que cette transformation prendra du temps et qu'il est impossible d'éradiquer une corruption vieille de 50 ans en un instant.
Akhbar Al Yawm