Daoud Rammal, agence "Akhbar al-Yawm"
Vers un État souverain au Liban: L’Enjeu du Contrôle Exclusif des Armes
Un débat essentiel...
Le discours récent du président du Parlement, Nabih Berri, a relancé un débat crucial au Liban: la question de l’exclusivité de l’usage de la force par l'État. En apparence, Berri semblait clore ce débat, mais une lecture plus attentive révèle qu’il a en réalité ouvert une porte large à une discussion nationale approfondie sur cette exclusivité. Il a lié la question du retrait israélien derrière la ligne bleue à la question des menaces israéliennes persistantes et à celle du monopole de l'armement par l’État, proposant ainsi une nouvelle équation: plus les garanties internationales sont renforcées et plus les menaces sont éliminées, plus cette exclusivité devient une exigence nationale incontournable.
En réponse, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a salué cette initiative comme une occasion historique de débat constructif, loin des logiques de confrontation et des jeux politiques. Il a souligné que la question du monopole de la force n’est pas un simple détail ou un objet de marchandage, mais un élément central du projet de construction d’un État. Son discours n’était pas simplement une réaction politique, mais plutôt un appel clair à engager une véritable réflexion pour consolider la souveraineté de l’État dans tous les domaines: politique, sécurité, défense et décision.
Avec la montée du débat, une source politique de haut niveau révèle qu’un véritable processus de négociation semble se dessiner, visant à renforcer la souveraineté de l’État en lui conférant exclusivement le pouvoir de déclarer la guerre et de recourir à la violence légitime. Ce processus bénéficie d’un large soutien international, qui cherche à protéger le Liban contre la répétition de cycles de violence interne en affirmant l’autorité exclusive de l’État. Il s’agit de garantir la stabilité du Liban en éliminant toute tentative de certains acteurs d’agir de manière indépendante sous des prétextes divers.
Le soutien international à cette démarche est de plus en plus pressant. Cependant, contrairement au passé, il se base désormais sur la coopération pour préserver ce qui reste de la stabilité libanaise, plutôt que sur des diktats. Il y a une prise de conscience internationale que l’éclatement des tensions internes serait catastrophique, et que personne n’a intérêt à maintenir des armes hors du contrôle de l’État. Pour la première fois, la communauté internationale traite le Liban non pas à travers des impositions, mais à travers une véritable collaboration pour assurer la sécurité.
En revanche, certaines forces dites de "résistance", qui continuent de s’accrocher à des choix dépassés, tentent de dépeindre ce débat sur l’exclusivité de l’armement comme un affrontement interne et un dangereux clivage entre la présidence et les forces souverainistes. Ces forces, par leur pression politique et médiatique, cherchent à entretenir des illusions confessionnelles et sectaires afin de faire peur à la population et de dissuader toute approche qui renforcerait l’État. Cependant, la réalité est plus forte que toutes les tentatives de manipulation : les événements survenus durant les 66 derniers jours, marqués par de lourdes pertes et des leçons amères, ont prouvé que le seul salut du Liban réside sous le parapluie d’un État unique, qui détient le monopole de la force et du pouvoir décisionnel, et qui inclut tous ses citoyens, sans distinction.
Le moment de vérité approche, et de plus en plus de personnes sont convaincues que l’État est la seule garantie, et qu’il n’y a plus de place pour l’inaction ou les politiques de procrastination. Le Liban se trouve à un carrefour, et le débat amorcé ne s'arrêtera pas, mais se transformera en un véritable chantier de fondation. En effet, le coût de l'absence de décision et du chaos est désormais trop élevé pour être supporté par ce petit pays épuisé.
Akhbar Al Yawm